Le billet du mois
Octobre 2004
Sainte Marie, Mère de Dieu … et «notre» Mère !
par Jacques Lauzier, o.p.
J'ai toujours été frappé par
le premier miracle de Jésus
que nous raconte l’évangéliste
Jean. Ce n’est pas le fait
que Jésus ait changé l’eau
en vin à Cana qui m’interpelle
mais le fait qu’il l’ait
fait à la demande de Marie.
Qui y a-t-il en effet de plus banal
que de manquer de vin dans une
noce parce que le responsable de
la fête a mal calculé le
nombre d’invités et
n’a pas fait assez de provision
du fruit de la vigne. Alors, pourquoi
serait-ce au Seigneur de réparer
l’incurie de l’hôte ?
Pourquoi ? Parce que c’est
sa Mère qui lui avait demandé.
Marie était bien consciente
elle aussi que le fait de manquer
de vin dans un repas n’était
pas la «fin du monde».
Ce n’était pas la première
fois, et ce ne serait pas la dernière.
Alors, pourquoi a-t-elle osé déranger
son Fils et surtout lui demander
un «miracle» pour
quelque chose d’aussi insignifiant ?
Surtout que les nouveaux mariés
n’étaient que des amis
de la famille de Marie et de Jésus.
Pourquoi ? Parce que Marie
avait un cœur de «mère».
Parce qu’une «mère» voit
et sent des choses qu’un «père» (pour
ne pas dire un homme) ne voit pas
et ne sent pas. Une «mère» sait
vite déceler les angoisses
intérieures de ses enfants.
Elle sait lire les signes sur les
visages et dans les agissements de
ceux qui lui sont chers. Et c’est
ce qui est arrivé à Cana.
En
montant au Ciel, Marie n’a
pas perdu ce «cœur de
mère». Au contraire,
car n’étant plus limitée
par les réalités du
corps mortel et ayant sa demeure
tout près ( !) de la
Trinité, elle a une force
d’intercession auprès
de son Fils qu’aucun autre être
humain ne pourra jamais posséder.
Et, d’où elle est, Marie
n’a pas perdu sa capacité de
lire les angoisses de ses enfants
et de sentir leurs détresses.
Et aussi d’écouter leurs
prières !
C’est pourquoi dans ce mois
qui lui est consacré (mois
du Rosaire), il faut profiter de
sa proximité auprès
de la Trinité pour lui demander
des miracles. Oui, des «miracles» !
Si elle a été capable
de faire changer l’eau en vin,
elle a encore le pouvoir d’intercéder
auprès de son Fils pour suppléer à bien
de nos manques. Après tout,
n’est-elle pas «notre» Mère ?
Surtout qu’aujourd’hui,
ce n’est plus du vin que nous
manquons, mais des choses bien plus
importantes. En fait, si Marie était
sur la terre aujourd’hui, elle
ne dirait pas à son Fils : «Ils
n’ont plus de vin !» mais
bien : «Ils n’ont
plus de Foi, ni d’Espérance,
ni de Charité. Je t’en
prie, fais quelque chose !»
Si,
durant ce mois, nous portons une
attention particulière à sa
présence toute maternelle,
peut-être l’entendrons-nous
murmurer à «l’oreille» de
notre cœur, entre deux Ave Maria : «Faites
ce qu’Il vous dira !»