Le billet du mois
Octobre 2005
Amour de compassion pour les absents
par Émery Désilets, o.p.
La certitude joyeuse de l’apôtre Paul, certitude d’appartenir au Christ et d’être habité par son Esprit (Rm 8), ne peut effacer sa souffrance, sa tristesse, sa douleur incessante : à la fête où l’on chante, où l’on célèbre Jésus, Christ et Seigneur, ses frères de race sont absents. L’apôtre Paul traduit de façon saisissante son amour de compassion à l’endroit de ses frères de race. « J’ai dans le cœur une grande tristesse, une douleur incessante. Pour les Juifs, mes frères de race, je souhaiterais même être maudit, anathème, séparé du Christ » (Rm 9, 2-3).
Ce cri du cœur de l’apôtre Paul rejoint celui du patriarche Moïse après l’incident du veau d’or. « Hélas, ce peuple, qui est aussi le tien, a commis un grand péché. S’il te plaisait maintenant de pardonner son péché, sinon efface mon nom du livre que tu as écrit » (Exode 32, 32 – 33).
Ce cri est une prière d’intercession. Je ne puis ici m’empêcher de penser à saint Dominique, le fondateur de l’ORDRE DES FRÈRES PRÊCHEURS. Il passait, nous disent ses biographes, une grande partie de ses nuits en prières. « Il usait nuit et jour le sol de l’église ». Et pendant ses longues nuits de prières et d’oraison, il lui arrivait de pousser des cris, des gémissements : « Mon Dieu, mon Dieu, que vont devenir les pécheurs »? Et il ne pouvait retenir ses larmes.
Ce cri exprime le mystère de la mort du Christ qui a été « pour nous, identifié au péché, afin que, par lui, nous devenions justice de Dieu » (II Cor 5, 21).
Laissons-nous questionner par ce message, par ce mystère?
Nous avons, comme l’apôtre Paul, la certitude joyeuse d’appartenir au Christ et d’être habités par son Esprit. Mais, force nous est de constater que nous sommes environnés d’absents : ceux qui nous sont les plus proches par le sang, l’histoire, la culture, ne partagent pas tous notre foi. Avons-nous à leur endroit l’amour de compassion qui était au cœur de l’apôtre Paul, au cœur de saint Dominique, au cœur du Christ?
Que notre certitude d’appartenir au Christ se traduise par un authentique amour de compassion à l’endroit de tous nos frères et de toutes nos sœurs.
« Chaque fois c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40).
Émery
Désilets, o.p., membre de l’équipe
du Sanctuaire et responsable du service
de la correspondance.