Le billet du mois
Avril 2006
Le signe de la fraction du pain
par Émery Désilets, o.p.
Dans les récits d’apparition, on accorde une grande place à ce signe. Il en est ainsi dans tous les écrits du Nouveau Testament. C’est à la fraction du pain que les disciples d’Emmaüs reconnurent le Christ ressuscité.
Dans le récit relatant l’expérience des disciples d’Emmaüs, saint Luc fait une relecture du cheminement de foi des premiers chrétiens. Cette relecture, il la fait en fonction des problèmes de l’Église de son temps. Les chrétiens de la deuxième et de la troisième génération chrétienne se considéraient comme désavantagés par rapport à ceux de la première génération. Ils n’avaient pas vu, ni connu Jésus de Nazareth. Ils n’avaient pas été témoins du signe du tombeau, ni du signe des apparitions.
aint Luc leur rappelle, et ce rappel s’adresse aussi à nous, qu’ils ont à leur disposition le témoignage des premiers chrétiens, le témoignage des Écritures et le signe du pain rompu et partagé. Et, comme tout cela est lié au signe de la fraction du pain, à l’eucharistie, dans le vécu des communautés chrétiennes : ainsi, quand la communauté se rassemble pour refaire le geste de la dernière Cène, on écoute le témoignage des premiers disciples, on écoute et partage la Parole de Dieu, saint Luc fait alors gros plan sur le signe de la fraction du pain. Ce signe, avec tout ce qui gravite autour, le signe de la Parole, le signe du rassemblement, le signe de la prière commune, demeure pour nous le signe par excellence du Christ ressuscité.
Ce signe résume toute la vie de Jésus. Ainsi, dans le signe du pain rompu et partagé et de la coupe offerte, Jésus est entièrement donné à son Père et entièrement donné à nous. Il est là tout entier dans le geste eucharistique. On peut comprendre qu’après la résurrection, c’est à ce signe que ses disciples le reconnaîtront. C’est d’ailleurs autour de ce geste qu’on se réunira le huitième jour. C’est à travers ce geste que les premiers chrétiens apprendront à faire de leur vie un pain partagé et une coupe offerte pour tous dans l’unanimité de cœur et d’âme en Dieu. Puisse-t-il en être ainsi pour nous tous.
Émery Désilets, o.p., directeur
«… quand Jésus se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent » (Luc 24, 30 -31).
Émery
Désilets, o.p., membre de l’équipe
du Sanctuaire et responsable du service
de la correspondance.