Le billet du mois
Décembre 2007
Dieu parmi nous
par Ovila Bélanger, o.p.
Dans moins d’un mois, ce sera Noël, la fête la plus populaire de l’année. Pour nous, que représente Noël? Qu’est-ce que nous allons célébrer à Noël?
Je lisais dans une revue la réflexion naïve mais triste d’un enfant qui à son retour de l’école dit à sa mère : « Maman, même à l’église, il y a une crèche de Noël ». Pour nous pratiquants, nous n’en sommes pas à ce niveau d’ignorance. Toutefois, il n’est pas inutile de nous poser la question : « Pour moi, c’est quoi Noël? » C’est sûrement plus qu’une féerie de lumière, plus qu’un temps de réjouissance et d’échange de cadeaux.
Nous avons appris depuis notre tendre enfance qu’à Noël, nous célébrons la naissance de Jésus, notre Sauveur. Mais, sommes-nous suffisamment conscient de la grandeur de ce mystère, je dirais, de l’invraisemblance de ce mystère? La demeure de Dieu, c’est le ciel, non la terre. Que Dieu soit venu en personne sur notre terre, qu’il ait partagé notre existence humaine, cela ne va pas de soi; ce n’est pas évident. Pendant le temps de Noël, il n’est donc pas inutile de nous arrêter, de méditer longuement ce mystère. Dieu se fait homme. Dieu en personne parmi nous.
Je comprends de plus en plus que des personnes ne puissent pas adhérer à ce mystère de l’Incarnation. Pour eux, que le Dieu infiniment grand qui tient le cosmos entre ses mains soit venu partager notre condition humaine, ce n’est pas possible, c’est invraisemblable, Ce n’est que dans la prière, avec l’aide de l’Esprit Saint, que nous arrivons petit à petit à croire profondément que Dieu est venu habiter parmi nous. Si Dieu nous avait demandé une suggestion pour nous faire connaître l’amour infini qu’il nous porte, personne n’aurait osé lui proposer de venir habiter parmi nous, tellement c’est invraisemblable. Pourtant, c’est bien ce que Dieu a fait.
Devant un si grand mystère, saint Léon s’écrit : «O admirable échange : Dieu se fait homme pour faire de nous des êtres divins. Dieu s’est abaissé jusqu’à nous pour nous élever à la dignité d’enfants de Dieu». Nous portons en nous un paradoxe. Autant il est bon de reconnaître nos limites humaines et notre condition de pécheurs, autant il est juste d’affirmer que nous sommes grands et très importants aux yeux de Dieu : son Fils a daigné partager notre existence humaine, Dieu a fait de nous ses enfants. Nous appartenons donc à sa famille divine; nous sommes les frères et les sœurs du Fils de Dieu.
Au tout début de son évangile, saint Jean résume le mystère de l’Incarnation dans une formule laconique et sublime : «Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire». Nous pourrions ajouter à cette affirmation : «Cette gloire, nous la partagerons un jour».