Le billet du mois
Juillet-Août 2011
La meule et la cithare
par Éméry Désilets, o.p.
« Louez Dieu sur la harpe et la cithare… » Psaume 150
Savez-vous comment Jean-Sébastien Bach décrit l’origine de la musique dans sa famille ? Son arrière-grand-père exerçait le métier de meunier. À son moulin tournait la meule dont le bruit était fatigant à entendre à la longue. Heureusement, il apportait avec lui au moulin sa petite cithare pour en jouer. Le charme de sa cithare le reposait du bruit strident et monotone de la meule en mouvement. « Admirable concert ! Il apprit ainsi à garder ferme la mesure » (Origine de la famille musicienne Bach).
Ainsi va la vie ! Il nous faut la cithare pour nous redire que la lutte de chaque jour n’aurait aucun sens si elle n’aboutissait pas à une mélodie, que nos engagements ne tiendraient pas debout s’ils n’étaient pas là pour nous valoriser et nous aider à nous épanouir…
IL FAUT BIEN LA MEULE
Hélas, nous ne le savons que trop. Nous connaissons tous le bruit épuisant de la meule au travail. Il ne faut pas ménager les tours de meule. Il faut bien la meule pour moudre le grain de la vie, pour donner le pain de l’amitié. Oui, de l’ardeur au travail, de la fermeté dans nos engagements, nous ne pouvons faire l’économie.
MAIS IL Y A LA CITHARE
Sans la cithare, que serait notre vie ? Il faut une cithare ! Cette cithare qui désennuie, qui enchante, qui berce. Cette cithare qui donne sens au quotidien, qui élève le cœur, qui rend facile le travail, qui donne du souffle et de la vie, comme de l’oxygène aux poumons encrassés par l’oxyde de carbone de nos efforts et de nos peurs…
La meule et la cithare, il faut les deux. Personne n’y échappe, c’est le temps qui rythme l’usure. Ne soyons pas esclaves de notre travail ; prenons le temps d’écouter le chant de la cithare. C’est celui de l’amitié et de la solidarité. C’est celui du croyant qui embellit le monde en le transformant. (Ce billet est inspiré pour une très large part du livre du Père Bernard Bro, dominicain, qui a pour titre LA MEULE ET LA CITHARE).